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Sur les rives familiales et mélodieuses de David Gilmour

Accostée à la rive de la Tamise, l’Astoria est une élégante péniche d’avant-guerre, dans une banlieue paisible et bourgeoise, Hampton, au sud-ouest de Londres. Cette maison en bois flottant, construite en 1910, fut à l’origine la propriété d’un célèbre imprésario du music-hall, Fred Karno. Le pont pouvait notamment recevoir un orchestre de 90 personnes, et c’est probablement cette anecdote qui a séduit, outre son environnement empreint de sérénité, son acquéreur en 1986, le chanteur, guitariste et compositeur David Gilmour.
L’Astoria a été depuis transformée en un studio d’enregistrement pour le moins atypique. Les ultimes disques de son ancien groupe Pink Floyd, A Momentary Lapse of Reason (1987) et The Division Bell (1994), y ont vu le jour ainsi que ses deux albums solos On an Island (2006) et Rattle that Lock (2015). Son cinquième et dernier ouvrage en date, Luck and Strange (« chance et étrange »), y a été partiellement enregistré, puis mixé.
Au bout du couloir donnant sur la proue du navire, une cabine exiguë d’à peine 15 mètres carrés a été improvisée en salon d’écoute pour ce nouvel album. Certaines parties de batterie de The Division Bell y furent aussi enregistrées, révèle le technicien Phil Taylor, fidèle de Gilmour. A l’autre extrémité de l’Astoria, une salle plus spacieuse abrite une impressionnante console d’enregistrement « devenue aujourd’hui complètement obsolète », avoue, un brin amusé, son propriétaire.
Ce lundi 22 juillet, l’Anglais âgé de 78 ans, réputé d’un naturel discret, se présente souriant, prononce même l’hospitalité en français, sans accent. Langue étudiée à l’université et peaufinée lors d’un séjour de trois mois à Saint-Etienne, en 1968, peu avant d’intégrer Pink Floyd. David Gilmour vieillit bien, son visage creusé par le temps lui confère désormais une allure de sage. Ses yeux d’un bleu azur profond n’ont rien perdu de leur intensité. Durant l’entretien, il ne quitte jamais très longtemps sa six-cordes acoustique, enchaîne souvent quelques accords pour appuyer ou ponctuer ses réponses.
Neuf ans après la parution de Rattle that Lock, le désormais semi-retraité de son groupe mastodonte aux 360 millions d’albums vendus à travers le monde semble n’avoir plus qu’une priorité, profiter de sa grande famille. Un père de huit enfants, dont quatre sont issus d’un premier mariage avec Virginia Hasenbein, trois autres de sa relation avec sa seconde épouse depuis 1994, l’écrivaine et parolière Polly Samson, et un fils adoptif, Charlie, fils biologique de Polly Samson et du réalisateur Heathcote Williams (1941-2017). Et un grand-père épanoui.
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